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FAIS PAS GENRE !

Dana et Leila

1K sur Insta ? J’suis hors compétition…

61, ce n’est pas mon nombre de dates, ni mon âge, mais mon poids. 61 kilos pour 1m63, donc
disproportionnée d’après ma mère, mais aussi apparemment d’après les utilisateurs de la
communauté d’Instagram.
Après avoir stalké plusieurs comptes de personnes (à majorité féminines) à l’ego surdimensionné et
toutes plus fresh les unes que les autres, je me suis rendue compte que je n’avais pas les critères de
beauté qui font la popularité des meufs qualifiées de « douceurs » sur la plateforme.
Fillette, pour atteindre le 1K d’abonnés sur IG, tu auras :
Un ventre aussi plat qu’une planche à pain.
Pas les seins par contre qui doivent être eux fermes et robustes, effet fake.
Enfin, un fessier aussi bombé et charnu que celui de la star de téléréalité làààà dont le nom commence
par un K ?
Et en surplus si tu pouvais avoir un joli minois, ding ding ding c’est le jackpot ! Tu gagnes la gloire, les
1000 subscribers, et pourquoi pas un Jules si t’as de la chance ?
Moi, je n’ai pas tout ça…
Bon par fierté, je ne dirai pas que je suis dégueu non plus, mais je sais que je n’ai pas l’anatomie, la
silhouette qui me rendront populaire auprès des hommes, ou des femmes. Pour être tout à fait
honnête j’ai environ 300 abonnés, et bien que j’essaie de me persuader que ça ne m’affecte pas, ça le
fait parfois…
Persuadée que ces gens sont plus populaires que moi, donc meilleurs que moi
On ne va pas se mentir, beaucoup de filles cherchent à avoir le compte aux photos les plus
sexys. Majoritairement, des filles dont j’ignore le nom (influenceuses professionnelles ou à leurs
heures…). Mais certaines filles que je connais ont ce genre de compte à faire baver plus d’un et rager
plus d’une. Elles se mettent en valeur, à tel point qu’on dirait que les photos prises sont dignes d’un
professionnel (cadre parfait, couleurs parfaites, et j’en passe…). Voir toutes ces nanas parfaitement
galbées, au regard de braise sur IG, ça me la fout mal.
Je ne cherche même pas à avoir ce genre de compte sur Instagram. Perso, mon compte, c’est des
photos de voyages. Je me sens d’ores et déjà déclassée. Je suis en quelque sorte tombée dans le piège
des utilisatrices facilement impressionnables sur Insta. Dès que je vois les autres comptes, au nombre
d’abonnés plus élevés que moi, aux photos plus sexys que les miennes, je suis comme persuadée que
ces gens sont plus populaires que moi, plus beaux, donc meilleurs que moi. CQFD. D’après mes pairs,
« Cela n’est point » maaaais… vous-même vous savez…
Tout ce qu’elles créent, c’est toujours plus de concurrence avec les autres filles : le stalking, le stalking,
et encore le stalking. J’aime scruter, lorgner, inspecter les moindres détails des tenues, des coiffures,
des postures des autres meufs. Mais en bonne rageuse, jamais je n’avouerai ma jalousie, je me
contenterai seulement d’une morsure des lèvres et d’un commentaire à la « Trop belle bae ! » Tout ce
que vous faites à travers vos photos sexys, les gows, c’est de susciter de la jalousie, de vous comparer
sous toutes les coutures, de vous dévisager, de vous juger… Pourquoi ? Pour gratter quelques likes.Des potos se vantent d’attirer des « avions de chasse »
Un autre truc à savoir : je n’ai pas de copain pour le moment, et Instagram me rappelle bien pourquoi…
À ce qu’il parait IG serait le nouveau Tinder, aka la nouvelle appli qui crée les couples d’un jour ou de
toujours. Je m’appuie uniquement sur des dires de jeunes hommes (des potos) se vantant d’attirer le
plus d’« avions de chasse » spécialisées dans le nude et des messages coquins en tout genre.
En terminale, un pote m’a fait part de sa conception de l’amour et du fait qu’il existerait deux types
de meufs : les meufs d’un soir (aux visages pas ouf, mais aux corps torrides) et les meufs à marier
(belles mais pas forcément bonnes, dont le comportement est digne d’une future mère au foyer). Je
ne vous dirai pas dans quelle catégorie j’étais selon lui… Ce qui est important à retenir ici, c’est que
pour ce type, les filles dites « chaudasses » se trouvent sur les réseaux sociaux, qu’elles mettent les
moyens pour draguer et qu’on en trouve pléthore. Il se vantait d’attirer beaucoup de meufs via DM
[MP – Message Privé]. Le gars était devenu un véritable prédateur environné de proies, il n’avait plus
qu’à choisir. Je ne savais pas que c’était autant utilisé. Bref, cette nouvelle technique de drague sur
les réseaux sociaux me dépasse…
Aujourd’hui, Instagram a changé ma vie, dans le bon ou mauvais sens du terme, je n’ai pas encore
choisi. Je découvre de nouveaux comptes géniaux sur la plateforme mais, en même temps, j’ai
tendance à faire plus attention à mon apparence (je me maquille plus, je tente d’avoir les mêmes
poses sur Insta que les autres filles : ventre rentré, seins sortis, fesses bombées) et ça me rend plus
stressée. Bref, j’apprends ce qui semble aujourd’hui être LA nouvelle technique pour draguer… quand
je rentre chaque soir seule, à continuer de rêver de pouvoir l’utiliser.
Mais ce que j’ai constaté également, c’est que ces filles, si populaires soient-elles sur les réseaux, ne
le sont pas forcément dans la vie réelle. Certaines sont même effacées, comme si c’était dans le virtuel
qu’elles existaient vraiment. J’ai une copine, rencontrée cette année à la fac, qui est l’archétype même
de tout ce que je dis ! Dans la promo, cette fille semble effacée, on ne la voit pas. En revanche, sur
Insta, la meuf est GIGA populaire, genre une star à plus de 1000 abonnés qui poste des photos d’elle
chaque semaine, en bikini, en cuir, en short. On la voit sous toutes les coutures. C’est triste… mais
pour une fille lambda comme moi c’est rassurant !